Je m'déboutonne un peu...

Voilà bientôt 45 ans que je vais à l'école tous les matins...!
D'abord, j'ai commencé comme tout le monde ou presque, vers 3 ans, par la maternelle. Ensuite parcours classique, primaire, collège et lycée. Très bon élève en primaire. Ça c'est gâté vers la 5ième. Après j'ai tout juste tenu la tête hors de l'eau pour arriver au bac et le réussir... A ce moment, la question s'est posée : "Et maintenant tu fais quoi...?" Un année en fac en psycho, plus pour voir ce que c'était que la "vie d'étudiant" que pour y faire de vieux os d'ailleurs. J'ai bien profité, merci.
Au moment de passer le bac, un ami de mes parents, commerçant ambulant de son état, m'avait proposé de le rejoindre sur les marchés. "Si tu loupes ton bac, je t'embauche, je te paye le permis de conduire, je t'achète une camionnette et tu bosses avec moi sur les marchés de la région". J'aimais bien l'ambiance des marchés. J'aime toujours d'ailleurs. Depuis l'àge de 14 ans, j'y bossais les jeudis (!) samedis et dimanches ainsi que pendant les vacances. Au début chez un marchand de gâteaux. Je jouais le "souffre-douleur" qui tenait le sac dans lequel il enfournait des dizaines de paquets de petits-beurre et autres galettes bretonnes avec en cadeau une connerie déjà importée de Taïwan... Il y avait toujours une "engueulade" pour ma pomme, ça attendrissait la cliente qui ouvrait plus facilement le porte-monnaie...! Mais, le vieux pingre, il ne me payait pas assez à mon goût. Je suis donc parti, quelques années plus tard, chez un marchand de fringues. Là j'étais bien. Royal. Il me faisait confiance. Des fois, en fin de matinée je me retrouvais avec plus de 5000 francs de l'époque dans la sacoche et jamais il n'a contrôlé quoi que ce soit. C'est lui qui voulait m'embaucher... Pendant que je bossais, lui il aidait les dames à faire les essayages (!!!) dans la camionnette. Messieurs, méfiez-vous de vos femmes si elle s'habillent sur les marchés...! A 16/17 ans, ça fait découvrir la vie tout ça... Des fois je me demande ce que je ferais maintenant si j'avais pas eu mon bac...
Bref, revenons à nos moutons. La fac c'était pas trop mon truc. Encore que, la vie d'étudiant c'était pas mal quand même... Donc j'ai intégré l'Education nationale via l'Ecole normale, après concours quand même... Là aussi, ça a été la belle vie... Mis à part la chambre, la bouffe et la bagnole, j'ai régulièrement claqué toute ma paye de l'époque en sorties, vacances et voyages...
Dès mon premier poste, je m'étais promis de ne pas rester plus de 5 ans dans la même affectation. Et bien, si il y a une promesse que j'ai tenu, c'est celle-là ! Je ne voulais pas devenir l'instit du village qui voit défiler les enfants et les petits enfants de ses premiers élèves... Donc tous les 4/5 ans j'ai changé de poste, et même de fonctions au sein de l'éducation nationale dans la mesure des possibilités offertes par l'administration. Je pense que c'est ce qui m'a permis de ne pas trop saturer.
Ça me fait penser à une anecdote qui m'est arrivé à mes débuts de "chef". Le jour de la rentrée, les gosses de 6ième découvrent le collège sous forme d'un jeu de piste. Il faut aller voir tout le monde et poser des questions sur "le comment du pourquoi de ce que vous faites". Arrive un groupe dans mon bureau. Un peu intimidés les gosses posent les questions, notent les réponses consciencieusement : "Vous arrivez à quelle heure ? Vous faites quoi ? etc, etc".  Moi j'explique le plus pédagogiquement possible ce que je fais et comment fonctionne le collège. Au moment de repartir, un petit blond se retourne et le plus sérieusement du monde me demande : "Et à part ça, vous avez un vrai métier...?" Ça m'a scotché, mais au fond, maintenant, je me dis que c'était peut-être celle-là, la bonne question...!

Comments

[Rose etc]

"oh toi mon gars, tu vas pas faire long feu dans l'educ nat, et acheter un camion à pizza" aurait dit ma grand-mère mais elle aurait ajouté "mais réfléchis, là t'as un bon salaire assuré et les vacances, hein les vacances..."
bon à dire vrai, j'ai fait un peu élève et un peu pionne plus tard, puis un peu beaucoup mère d'élève (c'est chiant comme boulot) j'aurais bien aimé rencontrer des directeurs comme vous.
Je me souviens du directeur du collège où j'étais "surveillante de nuit". le soir, parfois, quand il avait un peu trop bu, il faisait une descente dans le dortoir des filles. C'était un vieux collège dans un vieux château au fin-fond de la campagne normande. Et le dirlo était un vieux bonhomme presque aussi vieux que le château où il paluchait les jeunes filles en chemise de nuit. Voilà mon dernier souvenir précis d'un directeur de collège...

[skoobeedoo]

En dehors du fait que ton billet donne envie d'en savoir plus, tu serais pas en train de nous faire un coup de déprime toi?