J'ai eu moi aussi 17 ans...

Hier, par hasard, j'ai entendu à la radio que ça allait bientôt être le trentième anniversaire de la mort de Claude François. J'étais au volant de la voiture, je revenais de la boulangerie. Nouvelle apparemment anodine et sans grand intérêt ... et pourtant ça  a réveillé plein de souvenir dans ma tête. Il y a trente ans j'avais à peine 20 ans et il y a longtemps que Claude François n'était plus (l'a-t-il jamais été, moi j'étais plutôt Joe Dassin...) mon idole. Quelques années plus tôt, j'avais 15 ans je crois, nous avions décidé avec quelques copains de partir en vacances dans le midi. Notre moyen de locomotion : nos Solex. J'habitais à l'époque dans la région de Belfort et notre chevauchée fantastique s'est arrêtée au bord d'un lac du Jura, un des Solex ayant décidé de rendre l'âme avant d'avoir vu la mer Méditerranée... Nous avions réussi à mettre dans une des sacoches d'un Solex un mange-disque et une petite vingtaine de 45 tours, dont un ou deux de Claude François. Nous avions trouvé refuge dans un camping plus ou moins à la ferme. Le terme "à la ferme" permettant au propriétaire de s'exonérer de la construction de sanitaires en dur et nous obligeant à utiliser pour nos besoins quotidiens une immonde cabane, qui pour n'être pas au fond du jardin en avait pourtant toutes les caractéristiques... Il y avait aussi un groupe de jeunes hollandais, à peine plus agés que nous mais qui avaient une culture musicale autrement plus développée que la notre, pauvres petits franchouillards englués dans les flots sirupeux et ineptes des idoles du moment... Quand mon pote a sorti le mange-disque, tout fier et que la voix nasillarde de Claude François s'est échappée du haut-parleur les hollandais nous ont regardé avec étonnement, condescendance, voire mépris. En croisant le regard d'un de ces fiers bataves j'ai ressenti comme un peu de honte. Vous savez ce moment où on devine qu'on est à côté de la plaque, qu'on a pas le bon vêtement, qu'on est has-been avant d'avoir commencé à être... Ça a duré un dixième de seconde, mais je m'en souviens encore comme si c'était hier. Il m'a semblé à ce moment là que nous nous étions disqualifiés avant d'avoir commencé à jouer le match... Depuis ce jour là, chaque fois que j'entends Claude François, j'ai comme un vieux goût un peu amer dans le fond de la gorge...

Comments

[deloin]

skoob> ....???? !!!!

[skoobeedoo]

Voila un billet il est bien.
Ca doit être le syndrome mimétique du vieux con.
En plus, les bataves, si ils étaient format Haan ou Neeskens et vous Lacombe ou Giresse, ben forcément leur musique elle était mieux.

[Didier]

À 15 ans, 27 ans déjà, c'était plutôt Georges Cantournet, son piano à bretelle et sa troupe de danseurs et de joueurs de biniou (ou de cabrette je sais plus trop), comme quoi...

Mais faut pas croire, j'étais pas has-been, j'écoutais aussi du Marcel Azzola et son accordéon Jazz sur ma vieille Mélodyne à saphir qui n'arrêtait pas de sauter.

Tu étais déjà plus moderne que moi avant moi. Mais c'est bizarre, je ne ponctue pas les époques de musiques comme bien des gens le font. Ça n'empêche que j'aime toujours cet instrument et l'entendre me booste comme pas possible; si ça fait aujourd'hui de moi un ringard, je le revendique! :))

[Cornus]

J'aime bien cette note. C'est drôle, mais quand j'étais jeune, je n'étais pas trop musique. Je le suis toujours assez peu et en tout cas je n'y connais pas grand chose à part quelques parcelles de classique et cela me va très bien ainsi. A l'école, on me moquait volontiers parce que je ne savais rien de rien ce qui ne manquait pas de me marginaliser. Peu importe. Mais je me souviens parfaitement de l'endroit et de qui m'a annoncé la mort de Claude François. C'est la même chose pour la mort de Brassens, mais là je connaissais un peu plus son répertoire et je le place infiniment plus haut dans ma hiérarchie personnelle des chanteurs.