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5 avril 2008

L'annonce faite à Kevin...

Kevin est arrivé il y a 3 semaines. Amené par sa mère. Depuis 1 mois il n'était plus scolarisé. Il habitait, par décision de justice, chez son père dans la région parisienne. Ça se passait plutôt pas trop bien avec la belle-mère. Et puis le père, de temps en temps il avait la main un peu lourde. Donc un matin au lieu d'aller au collège, Kevin a pris le train et, est arrivé chez sa mère, qui ne l'attendait pas, loin s'en faut... Au bout d'un mois de tergiversation et d'allers-retours entre père et mère, il a été décidé, qu'il resterait chez sa mère, qui a refait sa vie avec un monsieur, dont elle a eu d'autres enfants sans compter ceux que le monsieur a d'un précédent mariage.
Kevin est donc au collège depuis trois semaines. Il aura 14 ans fin avril. Au début en 1/2 pension. Un matin, il est arrivé un peu amoché. Le beau-père, en plus de la main lourde, il a le coude léger... Kevin en a pris une un soir, et s'en est entretenu avec un prof le lendemain. Signalement, assistante-sociale, procureur... Il a été décidé qu'il serait provisoirement interne dans l'établissement. Tout allait à peu près bien. Le week-end suivant il est allé chez la grand-mère et le lundi il est revenu, normal. Le week-end suivant, il a pu retourner chez sa mère. Ça a été aussi à peu près normalement. Les services de protection de l'enfance du département ont entériné. Sauf que jeudi à 15 heures, la mère a appelé pour dire que vendredi soir elle était pas là et qu'elle n'avait rien à foutre du gosse et que, d'ailleurs, il n'avait qu'à rentre chez son père, d'où il n'aurait jamais dû partir... Elle a "refait sa vie et Kevin, c'est sa vie d'avant..."
Branle-bas de combat. Officiellement, Kevin, il est encore "à" son père, dans un autre département, en région parisienne. Il faut que le juge de là-bas, prononce une OPP (ordonnance provisoire de placement), il faut que cette OPP soit transmise au juge d'ici, qui doit la transmettre aux services de protection de l'enfance d'ici, pour prendre en charge le gamin durant le week-end et pour les 15 jours de vacances qui suivent (on est en zone B, nous). Et la juge des enfants, ici, elle est en congé de maternité depuis hier...

Kevin, il suit tout ça en direct. Nickel chrome. Je lui explique tout au fur et à mesure des évènements. Il est d'accord pour ne plus aller chez son père (le gros con, pourri). Chez sa mère il sent que c'est pas trop possible, mais il y croit encore. Quant à la grand-mère, qui m'a tenu 1/2 heure au téléphone pour me dire combien elle aimait son petit fils si gentil et si adorable (ce qui est vrai, d'ailleurs), elle veut pas le prendre, rapport à sa fille (la mère de Kevin) qui veut pas et en plus elle est malade. Si c'est vrai, elle sort de chez le médecin qui lui a interdit "sur l'ordonnance" d'accueillir son petit-fils...

Vendredi, 14 heures, je ré-explique tout à Kevin. Il comprend, me semble-t-il. Il a intégré qu'il allait être accueilli dans un centre départemental pour le week-end au moins, la durée des vacances plus vraisemblablement, en attendant de lui trouver une famille d'accueil. A 16 heures 45, une éducatrice du département se présente, qui vient chercher Kevin. Coup de fil à la vie scolaire, on va chercher Kevin en étude et je le vois qui descend la cour vers la sortie, son sac à la main, apparemment très calme. Sauf qu'au lieu d'aller tout droit, il tourne à gauche et se dirige vers une autre sortie. Le CPE qui surveillait depuis le haut de la cour, pique un 100 mètres, qualificatif pour Pékin, et moi de mon côté je fonce de mon bureau, je fais le tour du bâtiment et tous les deux, on attrape Kevin juste avant qu'il ne franchisse le portail.

Et, là le Kevin, il craque. Crise. Un autre prof qui passait par là nous prête main-forte. A nous trois on fait au bas-mot 250 kilos et on a du mal à le contenir. Ramené dans mon bureau, il n'est pas calmé pour autant. L'éducatrice nous annonce que dans cette situation il faut faire appel aux gendarmes pour faire "exécuter l'OPP". Moi je penche plutôt pour appeler les pompiers; on fait les deux. Gendarmes et pompiers arrivent ensemble. Kevin n'est pas beaucoup plus calme. Il hurle qu'il veut "quand même" aller chez sa mère. Il en a rien à foutre de nous, qu'il "s'en bat les couilles de nos conneries". Il ne nous entend plus. Finalement ce sont les gendarmes qui l'emmènent. A deux, ils ont du mal à le tenir. Tant et si bien qu'au bout de 20 mètres, un gendarme lui fait une prise au sol comme à la télé, et Kevin monte dans la bagnole menottes dans le dos. Heureusement, entre-temps les autres élèves sont sortis et personne n'a assisté à "l'interpellation"..
L'éducatrice me dit qu'il va être emmené à l'hosto, si tout va bien. Quand il sera calmé, ensuite, il sera accueilli au centre.

Dans la cour, restent deux profs, le CPE, la secrétaire et moi. On se sent tous très mal. Personne n'avait vu venir le coup. Tout se passait bien depuis deux jours. Trop bien. Kevin a craqué. On a rien vu venir. Son père est tranquille chez lui. Sa mère "refait sa vie". Sa grand-mère est "malade". Je n'aurai des nouvelles que lundi matin.

Familles , je vous hais.

Reprise de post, le 07/04 à 14 heures : Kevin est en foyer d'accueil temporaire, tout va bien. Tout le monde le trouve adorable...

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Commentaires
C
J'en ai déjà vu des vertes et des pas mures, j'ai déjà entendu des témoignages de la même couleur, mon épouse m'a rapporté des choses qui y ressemblent, mais là, ça me donne envie de pleurer. Depuis le temps que je dis qu'il faudrait avoir un permis d'être parents...
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S
Si tous les Kevin du monde voulaient se donner la main , y'aurait quelques oublieux qu'auraient les joues rouges.<br /> <br /> Sinon, bonnes vacances.
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D
Ben dis-donc, tu l'auras pas volée ta retraite toi.
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M
Waouu, c'est tellement dur.... Pauvre gamin.<br /> Que faire ?
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